John Mayall
L'émission "blues" de radio RDL Colmar animée par Jean-Luc et David BAERST

 

Votre dernier album est un hommage à Freddie King. Etant un grand admirateur de JB Lenoir, votre source d’inspiration première, envisageriez-vous de faire un jour un album consacré à l'oeuvre de cet artiste ?
Je n’y ai encore jamais pensé auparavant. Mais il se pourrait bien que je le fasse un jour, si c’est possible...

Dans quelles circonstances avez-vous rencontré votre guitariste actuel, Buddy Whittington ?
Il jouait en première partie de l'un des mes concerts à Dallas, Texas il y a une vingtaine d'années. Je lui ai, alors, demandé son numéro de téléphone, au cas où...

Plus tard, quand Coco Montoya a quitté les Bluesbreakers, Buddy a toute de suite été mon premier choix pour le remplacer.

Est-ce que la manière de jouer le Blues a changé depuis le début de votre carrière ?
Le Blues a toujours été une façon d’exprimer ce qui nous entoure. Un moyen de partager ses sentiments, de communiquer autour de ses centres d’intérêt : tel est le schéma de fonctionnement du blues.

Trouvez-vous encore facilement des sources d’inspiration ?
En ce qui me concerne, j’en trouve assez facilement. C’est même pour cette raison que je sors régulièrement de nouveaux albums. Comment voulez-vous composer tout un album sans avoir quelques idées en tête ?

Avez-vous l’impression que votre voix s’est améliorée avec le temps ?
Si je chante mieux, c’est certainement par le fait de l’expérience. A force de travailler ma voix, j’ai moins besoin de me concentrer sur l’aspect technique. Ce qui fait que je peux à présent être plus expressif et naturel.

Avec-vous des regrets quant au passage des musiciens au sein de votre groupe, les Bluesbreakers ?
Certains membres des Bluesbreakers nous ont quittés pour mener une carrière en solo, mais c’est parfaitement normal. Chacun doit avancer à son rythme.
Quand j’intègre d’autres membres, cela permet d’apporter une nouvelle fraîcheur au sein du groupe. J’aime beaucoup jouer avec des musiciens différents car c’est très excitant.

Comment s’est faite la connexion avec le label Eagle records qui vous distribue actuellement ?
J’ai complètement oublié comment s’est arrivé ! Nous étions alors à la recherche de nouvelles opportunités et ils nous ont contactés. Un accord a donc été conclu entre nous.

Avez-vous gardé le contact avec Eric Clapton depuis son passage dans les Bluesbreakers ?
Eric est maintenant une super-star ! Je n’ai aucun moyen de le joindre. C’est un homme qui s’occupe en priorité de sa famille. Sa vie privée et son mode de vie n’ont plus rien de commun avec moi. D’autant que nous vivons dans deux pays distincts…
Il m’a rejoint sur scène lors du concert anniversaire célébrant mes 70 ans. C’était fantastique de nous retrouver ainsi.

Pour autant nos vies ont totalement bifurqué l’une de l’autre depuis longtemps. Je doute qu’il donne son numéro de téléphone privé au premier venu !

Quel regard portez-vous actuellement sur le "British Blues Boom" des années 1960 ?
Cette époque a vu naître un mouvement général de révolution dans tous les domaines, et pas seulement dans la musique. Chaque aspect de la culture d’alors a été entraîné par ce changement qui a affecté autant la mode, le cinéma que le Blues. L’intérêt pour cette musique a grandit alors et ce style de musique a évolué avec son temps.

Seriez-vous tenté de donner, à nouveau, un côté Jazz à votre musique ?
Il faut que vous retiriez le terme de « tentation » de l’équation. Je joue purement et simplement mon style. Dans mon environnement, il est vrai que l’on compte autant d’influences venant du Blues, du Rock que du Jazz. Mais ma manière a toujours été d’incorporer toutes ces influences dans ma propre musique.
Que je sois tenté ou non de le faire n’a rien à voir avec la question. Je fonctionne à l’instinct.

Je ne connais rien aux techniques utilisées dans les Clubs de Jazz. Cette musique est présente naturellement dans tout ce que je produit.
De toute ma vie, jamais je n’ai appris le solfège. Je ne peux ni lire, ni écrire de musique...

Ma musique prend vie lors de mes concerts et c’est exactement ce qui attire mon public !

Quelles émotions essayez-vous de mettre en avant lorsque vous chantez ?
D’une certaine manière, il faut être capable d’exprimer toute la palette de ses propres émotions, d’où qu’elles viennent. Le Blues vient bien entendu d’un sentiment de tristesse, mais il est également présent dans le bonheur.

Vous alignez les dates de concerts lors de votre tournée actuelle (21 shows en 21 soirs !), à tel point qu’il n’y a pas de jour de repos. Quand allez-vous vous reposer ?
Je préfère éviter les jours de repos quand je suis sur la route. De cette façon, tout le groupe garde un rythme de vie régulier. Une journée « off » coupe cette dynamique. Autant rester à la maison alors ! Avec un concert par soir, on a toujours de quoi s’occuper…

Quelle est votre opinion concernant les groupes qui intègrent des sonorités issues du Rap et du Hip-Hop dans le Blues ?
Le Rap est atroce ! De la musique faite par des machines, c’est affreux, répétitif et discordant. Il n’y a aucun sentiment humain dans cette musique. J’ai l’impression qu’on me hurle après, sans aucun respect…

Où trouvez-vous l’énergie pour continuer à tourner autant dans le monde (John Mayall fête ses 75 ans en 2008, Nda) ?
J’ai la grande chance d’être capable de m’endormir en toutes circonstances. Ça aide pas mal… Mon job est très simple : je monte sur scène tous les soirs pour faire passer un bon moment à mon public.  

D’après votre expérience, quelles sont les salles de spectacle les plus intéressantes ?
J’ai joué aussi bien dans les petits Clubs que dans les plus grands amphithéâtres. On en vient toujours à la base : quand je monte sur scène, je regarde autour de moi et j’essaye d’interagir le plus possible avec le public. Je leur fais partager mon amour de la musique et je m’assure qu’on passe tous un bon moment.

Après toutes ses années, avez-vous encore un souhait à réaliser ?
Pas vraiment. Je suis très content d’en être arrivé là. J’ai un public formidable dans le monde entier !
Leur passion pour ma musique se transmet d’une génération à l’autre. Que rêver mieux ?

Je peux m’exprimer librement et partager cet amour commun du Blues avec mon public.

Remerciements : Aline, Nancy et Quentin du Nancy Jazz Pulsations ainsi qu'Isabelle Louis d'Eagle Records.

www.johnmayall.com

 

 
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Interview réalisée au
Nancy Jazz Pulsations
le 11 octobre 2008

Propos recueillis
par David BAERST
et Jean-Luc

En exclusivité !

 

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